top of page

WEST NILE UN VIRUS SOUS SURVEILLANCE 

SUD OUEST / FRANCE

Le virus du Nil occidental s’installe en Europe. À Montpellier, différentes  équipes de chercheurs en virologie se mobilisent en collaboration pour comprendre et contenir ce virus discret mais redoutable.

DJI_0287_edited.jpg

Alexandre Lépeule, prélève des échantillons d'eau dans les zones à risque de marais à l'est de Montpellier.

L'’équipe de Yannick Simonin adopte une approche globale, appelée One Health – une seule santé. Elle consiste à surveiller le virus dans l’environnement avant même qu’il n’atteigne l’homme. « On capture des oiseaux pour analyser leur sang, on piège des moustiques, on teste les chevaux. Tout ça pour cartographier la circulation du virus », explique-t-il.

Cette approche est déjà en place dans la région de Montpellier, en collaboration avec l’entreprise Alcopictus. L’objectif : détecter les signaux faibles, anticiper les pics de contamination, et alerter les autorités de santé.

"Les gens ne se rendent pas compte, mais en été, un simple pot de fleurs peut devenir un foyer à moustiques" "Éviter les eaux stagnantes, se protéger des piqûres, c’est basique… ."

Le virus du Nil occidental  est un flavivirus, cousin du virus Zika ou de la dengue. Il circule naturellement entre oiseaux et moustiques. Les oiseaux sont les principaux réservoirs : infectés, ils développent une virémie élevée. Les moustiques s'en nourrissent, se contaminent, puis peuvent transmettre le virus à d'autres oiseaux, ou  accidentellement  à l’homme ou au cheval. Ces derniers sont dits "hôtes terminaux" : le virus ne se propage pas au-delà.

 

soupire Alexandre.

Son travail, patient et rigoureux, consiste à surveiller la présence de larves et collecter les moustiques en zones humides et eaux dormantes.

De retour au laboratoire, les échantillons sont analysés, les espèces identifiées, et les virus potentiellement détectés. Ce suivi régulier est essentiel pour anticiper les vagues de contamination et orienter les actions de santé publique. Chaque action de prélèvements est géolocalisé sur une application pour un traçage efficace. 

 

 

Rencontre avec Yannick Simonin, professeur de virologie à l’Université de Montpellier.

Un moustique. Un oiseau. Un été plus chaud que la normale. Il n’en faut pas davantage pour relancer la mécanique. Longtemps limité à certaines régions d’Afrique, le virus du Nil occidental (VNO) s’est invité sur le Vieux Continent, où il s’installe durablement. En 2018, une épidémie majeure a causé plus de 300 morts. En 2022, la France recensait déjà plus de 40 cas humains, dont plusieurs formes neurologiques graves en Nouvelle-Aquitaine une région jusqu’alors épargnée. En 2024, la menace franchit un cap : des décès sont signalés en Espagne, en Italie… et désormais en France.

« C’est un virus émergent au sens strict, car son aire de répartition s’étend, explique Yannick Simonin. Et le moustique vecteur, Culex pipiens, est omniprésent en Europe. »

La chaîne de transmission, bien huilée, s’appuie sur les oiseaux migrateurs ou sédentaires, qui hébergent le virus. Piqués par les moustiques, ces derniers deviennent à leur tour contaminants pour les chevaux et les humains. Dans la majorité des cas, l’infection passe inaperçue. Mais environ une personne sur cinq développe des symptômes proches de la grippe, et certains cas virent au drame : méningites, encéphalites… parfois mortelles.

Un virus discret, donc, mais redoutable. Et difficile à détecter.

« Ce virus n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est sa présence durable chez nous », 

 

En quelques mots, il résume la menace grandissante qui plane sur l’Europe. Apparue pour la première fois en Ouganda en 1937, cette zoonose est aujourd’hui l’une des plus surveillées au monde. En cause : sa capacité à se diffuser silencieusement. « Environ 80 % des personnes infectées ne présentent aucun symptôme. Les autres développent des signes grippaux, et une minorité souffre de complications neurologiques sévères », poursuit-il. Le VNO cible le cerveau humain… mais aussi celui des chevaux et des oiseaux.

Depuis l’épidémie de 2018, le nombre de cas augmente régulièrement. En 2024, plusieurs décès sont déjà enregistrés en Europe du Sud, et la France n’est pas épargnée : une quarantaine de cas humains ont été signalés en PACA et en Occitanie, ainsi qu’une trentaine d’infections équines, confirmées ou suspectées, dans l’Hérault.

 

À quelques kilomètres d'Alcopictus et de l'ISREM dans les locaux du CNRS, des chercheurs étudient l'évolution du virus au niveau génétique, son adaptation aux vecteurs européens, et les dynamiques de transmission. Grâce à une étroite collaboration entre entomologistes, virologues et médecins, une surveillance fine se met en place.

 

À ce jour, il n’existe ni traitement, ni vaccin pour l’homme. Un vaccin équin existe, mais en quantité limitée. Un consortium européen réunissant des chercheurs allemands, espagnols et français, dont l’équipe montpelliéraine, travaille sur un vaccin de type classique, non à ARN messager. L’objectif : une mise à disposition d’ici 5 à 10 ans.

 

bottom of page